Partie 1/4
Bonjour à tous,
Pour faire suite à ce post, voici mon résumé de course. La course a été forte en rebondissement et en émotion pour notre équipage triple 7. Je vais essayer de vous retranscrire ça au mieux par écrit. Préparer vos popcorns, ça va d’être long. J’ai pris quelques jours avant d’écrire ce résumé pour prendre un peu de recul.
Je vais commencer par une présentation rapide de l’équipe technique. Rien ne serait possible sans eux et leur travail dans l’ombre. Nous sommes passés de parfait inconnus début septembre à une équipe très soudée aujourd’hui.
Staff technique au QG de l’équipe à Tokyo, Japon :
- Team Manager : Tenshi Furumi, notre chef d’orchestre.
Il chapeaute tout, s’occupe des reports en cas d’incident technique ou sur la piste, s’occupe de la gestion des pilotes (appel Whatapp 1h avant chaque swap) et de toute la communication qu’il peut y avoir pendant une course.
- Ingénieur course : Antonio Fajardo Panizo (travail pour une équipe en Formule E).
Gère la communication radio avec les pilotes, prend les décisions et a le dernier mot sur la stratégie en cas de désaccord.
- Ingénieur data : Daisuke Sakamoto, analyse les données pilotes en temps réel. (conso essence, pneus, temps au tour etc… et bien entendu, analyse de nos concurrents)
- Support technique et course : Shing Hung, gestion du planning pilote / temps de conduite réglementaire.
Toshiya Nojima (simracer sur le championnat) a également aidé à cette tâche.
- Directeur général : Tomonobu Fujii, qui a suivi l’équipe de près pendant les 24h du Mans.
L’équipe en Europe :
- 4 pilotes : Charlie Fagg (UK), Henrique Chaves (Portugal), Marc Veit (Allemagne) et moi-même, Rémi Delorme (France). Nous sommes tous sur le même fuseau horaire à 1h près. Plus d’infos sur le premier post pour ceux que ça intéresse.
- Ingénieur course remplaçant en cas de problème avec Antonio : Javier Ranz (Espagne)
Ça nous fait une équipe de 10 personnes. A ce niveau de compétition et en comparaison avec certaines autres équipes, on peut dire que nous sommes une « petite » structure. Honnêtement, hormis pour gérer un peu mieux les temps de repos, être plus nombreux que ça me semble pas forcément nécessaire. Il n’y a qu’Antonio qui est réussi à rester éveillé pendant l’intégralité de la course, tous les gars autres ont réussi à trouver un créneau d’1/2h pour se reposer.
1) Préparation :
La particularité, et ce qui fait tout le charme et l’exclusivité de cette course (selon moi), c’est l’obligation réglementaire de mixer l’équipage avec 2 Pro et 2 simracers.
La première grosse interrogation à ce sujet a été l’acceptation ou non de la catégorisation en PRO de Toshiya Nojima, notre 3eme simracers japonais qui a fait la saison complète LMVS. En 2022, Toshiya a roulé en réel sur une MX5 Cup et a fait l’équivalent du GT4 endurance au Japon. La demande de l’équipe pour le catégoriser en PRO était donc légitime. Malheureusement, cette demande a été refusée par l’organisateur... Nous sommes autour du 10 décembre, un peu plus d’un mois avant la course. Pour recapitaliser la situation, nous avions donc 3 simracers et un seul pilote PRO, Charlie Fagg. Or, le règlement nous impose 2 PRO et 2 simracers. Après avoir laissé mon temps de roulage à Charlie sur l’épreuve de Sebring (coaching intensif pendant la semaine précédant la course pour ses premiers pas sur rF2), l’équipe a fait le choix de me choisir en simracer 1 pour Le Mans. Un grand soulagement car la déception aurait été énorme de louper la grande finale et ma « home race ».
L’avantage de faire partie d’une équipe réelle évoluant en WEC est que notre team manager Tenshi à des contacts quotidiens avec beaucoup de Pro du paddock. Pour l’anecdote, c’est Henrique Chaves qui est venu vers Tenshi pour lui proposer ses services pour Le Mans Virtual, au cas où une place se libérerait. L’organisation refuse la catégorisation de Toshiya peu de temps après, Henrique est officiellement présenté à l’équipe dans la foulée. Tout est allé très vite et le choix du deuxième simracer a été fait par l’équipe au Japon. Ils ont décidé de faire rouler Marc. L’idée derrière tout ça était probablement d’accompagner le plus possible nos deux Pro jusqu’à la course.
Sur le papier, Marc s’occupait de la préparation d’Henrique et je m’occupais de la préparation de Charlie. Que ce soit Henrique ou Charlie, se sont deux débutants complets sur rF2. Pour vous donner quelques chiffres : Charlie, le samedi matin juste avant les 24h du Mans, il totalisait 41h d’rF2 sur steam. Henrique était à 22h. Le job d’accompagnement était donc très important pour essayer de maximiser les performances. C’est une partie que j’ai énormément apprécié car ce n’est pas tous les quatre matins que tu peux partager tes connaissances et ton expérience du jeu avec des gars à qui tu demanderais un autographe en temps normal… La première semaine de training, je dois avouer que j’étais un peu impressionné par ses deux bonhommes.
Pour faire court, sinon je pourrais écrire 2 pages là-dessus, ce que je retiens :
- Il n’est vraiment pas simple d’accompagner un pilote qui n’a pas d’affection particulière avec l’informatique. J’ai passé des soirées entières à paramétrer correctement le PC de Charlie via Teamviewer pour qu’ils soient dans de bonnes conditions. Henrique était beaucoup plus débrouillard et son niveau global en informatique était bien supérieur. Je l’ai simplement aidé à optimiser rF2 pour que son PC soit stable pendant la course. Pour Charlie, il fallait tout gérer de A à Z et… c’était un vrai casse-tête lorsqu’il fallait régler des problèmes techniques à distance.
Ressenti de Charlie et Henrique
- Ils étaient tous les deux impressionnés par la quantité de connaissances et de compétences qu’il faut avoir pour être performant en simracing. Ils l’ont repéré à plusieurs reprises donc je suppose que c’est quelque chose qui les ont surpris tous les deux. Que ce soit techniquement (pilotage) ou sur les analyses, c’est autant voir plus poussé qu’en réel d’après leurs dires. Des outils en simracing nous permettent cela, notamment de créer des replays merge pour mixer 2 tours. Comparer des datas motec, c’est leur quotidien de pilote. Par contre, pouvoir mettre des images sur les datas, c’était un plus.
- La concentration constante que demande le simracing est plus usante mentalement que de rouler en réel, toujours selon eux. Charlie était très stressé quand il a pris le volant à Sebring. Henrique, qui a pris le départ des 24h du Mans l’était également. Charlie a même dit après son stint à Sebring que la dernière fois qu’il avait autant stressé en pilotant, c’était lors de ses premiers tours de roues avec l’Aston GTE au Mans, en réel… Donc, ces gars sont bien humains, stresser avant un départ ou avant de prendre un stint dans une course importante que tu prépares pendant des semaines, même avec l’expérience du réel, c’était un sacré shot de stress / d’adrénaline pour tout le monde.
- Indianapolis fait beaucoup plus peur sur rF2 qu’en vrai. C’est l’un des virages préférés de Charlie en réel, il est très à l’aise et confiant là-bas. En virtuel sur rF2, c’était un calvaire pour lui. Il disait que l’arrière de la voiture essayait de le tuer à chaque fois. A l’exception d’Indianapolis, le ressenti est similaire au réel. Je l’ai remarqué directement par la progression impressionnante qu’ils ont eu en quelques heures d'entraînement ! Les vitesses en courbe étaient bonnes, les points de freinages, la prise de vibreurs etc… l’expérience du réel leurs ont clairement donné un avantage sur la vitesse d’apprentissage.